Les projections de France Stratégie dans leur étude « Prospective eau 2050 : anticiper les tensions sur la ressource en eau » sont alarmantes. Sans une réorientation significative de nos politiques publiques, les consommations estivales pourraient plus que doubler entre 2020 et 2050 dans la moitié du territoire, exacerbant ainsi les conflits d’usage.
Face à ces défis, l’ATEP formule des propositions concrètes pour une gestion plus durable de l’eau. Parmi celles-ci : l’intégration, dans le code de la construction et de l’habitation, d’une étude de faisabilité de la sobriété des usages de l’eau pour toute nouvelle construction ; la pérennisation des installations de stockage, de traitement et de valorisation des eaux par une obligation d’entretien et de maintenance ; ou encore l’accompagnement des Français à travers le service public de la rénovation de l’habitat, en intégrant un volet eau au dispositif France Rénov’.
Par ailleurs, la publication du décret et de l’arrêté du 12 juillet 2024 sur les usages domestiques des eaux impropres à la consommation humaine (EICH) marque une avancée significative. Ce nouveau cadre réglementaire, en vigueur depuis le 1er septembre 2024, définit les usages domestiques pour lesquels le recours à des eaux non conventionnelles est désormais possible. Cette évolution réglementaire ouvre la voie à une utilisation plus large de ces ressources, contribuant ainsi à une gestion plus durable de l’eau.
Cependant, comme souligné dans ma tribune « Attention aux zones d’ombre sur les eaux non conventionnelles », il est crucial que les bureaux d’études environnementaux, les architectes, mais aussi des acteurs très opérationnels tels que les plombiers, s’adaptent et surtout adoptent de nouvelles pratiques, en intégrant dès l’origine des réseaux intérieurs de distribution des eaux impropres à la consommation humaine en complément du réseau d’eau potable. Dans les nouvelles constructions, il est donc impératif d’intégrer dès à présent un double réseau. De nouvelles habitudes doivent être encouragées pour créer des réflexes et inciter au passage à l’acte, comme l’obligation de mettre en œuvre un circuit de communication (prises RJ45) dans un logement neuf depuis le 1er septembre 2016.
Lors du Carrefour des gestions locales de l’eau à Rennes, le 23 janvier 2025, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a réaffirmé l’importance d’une gestion durable de l’eau et a détaillé la feuille de route attendue pour l’eau en 2025. Elle a notamment insisté sur la nécessité de renforcer le plan Eau avec un volet d’adaptation au changement climatique afin de préserver la ressource, malgré l’évolution du cycle de l’eau face au dérèglement climatique.
La consultation publique sur le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) a mis en avant plusieurs priorités essentielles pour adapter la France aux impacts croissants du changement climatique. Ce plan, qui couvre la période 2024-2028, propose 51 mesures progressives pour préparer la France à un réchauffement de +4°C d’ici 2100. Parmi ces mesures, l’adaptation des infrastructures et des services essentiels, comme la gestion de l’eau, est cruciale pour assurer la résilience des territoires face aux événements climatiques extrêmes. Le PNACC-3 vise à massifier les solutions d’adaptation dans tous les pans de la société, en intégrant systématiquement les enjeux climatiques dans toutes les politiques publiques, y compris celles liées à l’eau. Cela inclut la nécessité de renforcer la gestion de l’eau pour faire face aux sécheresses et aux inondations, qui sont de plus en plus fréquentes et intenses en raison du changement climatique. Le Plan national d’adaptation au changement climatique a été présenté ce lundi par Agnès Pannier-Runacher. Il contient des mesures concrètes pour protéger la population et accompagner les territoires et les secteurs les plus exposés.
Dans cette dynamique, l’ATEP exprime sa volonté de contribuer activement à la grande conférence nationale sur l’eau. Nous souhaitons apporter notre expertise et nos propositions pour une gestion sobre et responsable de l’eau, en mettant l’accent sur le stockage, le traitement et la valorisation des eaux du bâtiment et de la parcelle. Notre objectif est de préserver l’eau potable et de promouvoir une eau propre, répondant ainsi aux enjeux de la ville sobre de demain.
Je vous encourage vivement à consulter ces ressources et à participer activement aux initiatives proposées. Ensemble, mobilisons-nous pour transformer ces défis en opportunités et œuvrons pour une gestion durable et sobre de l’eau, garantissant ainsi un avenir serein aux générations futures.